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Des couleurs des couloirs de l'hôpital ou : des patins de jésuite qui glissent sur la préséance... Même s'il avait découvert que les bleus du corps n'étaient pas forcément bleus, il s'apercevait que les couleurs d'un hôpital n'éxistaient que si on les cherchait. Les couloirs des hôpitaux ont sale réputation et sont entrés dans le langage courant. On dit par exemple : triste comme un couloir d'hôpital . Lui-même dans un de ses livres avait écrit il y a longtemps : " Il ne s'essuie pas les pieds avant d'entrer dans ses phrases; il n'y a pas de paillasson à la porte d'un hôpital. Le risque est toujours le même : dire trop, la honte aux coins des pages. Miracle si l'on suggère l'éclairage latéral de la douleur ! " (Trop rien, le Pont sous l'eau, p.12)
À l'hôpital de Dreux ils avaient fait local mais assez fort ! .
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Comme il l'avait déjà vu dans des hôpitaux parisiens, certains malades ou anciens malades, avaient
donné certaines de leurs oeuvres,
pensant sans doute que les couloirs ou les chambres étaient un bon lieu
d'exposition, ici à Chartres, dans les couloirs du département radiologie. .
Il avait été touché par les sols car même si d'autres parlaient de
" camouflage à vomi ", il reconnaissait que même s'ils n'avaient pas été choisis en hommage à Seurat ou aux pointillistes,
ils étaient certes facilement lavables.
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Même si un certain sol d'un couloir d'un certain orange lui faisait penser à la coupe de la substance nerveuse, telle que mise au point et obtenue par
le génial neuro-histologiste
espagnol
Ramon y Cajal au XIXè siècle,
(Image distribuée combien de fois à ses étudiants ...chaque triangle foncé représentant le corps cellulaire d'un neurone, perdu dans les cellules de la névroglie ! ),
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pour dire vrai, ces sols lui plaisaient surtout pour leur côté linoléum (breveté le 25 avril 1863 par l'Écossais
Frederick Walton), qui lui rappelait la salle à manger de sa jeunesse, où la mère exigea même, pendant des années,
qu'on utilisât des patins.
Et même s'il savait que beaucoup de gens devaient avoir encore aujourd'hui des souvenirs de patins, il sourit en pensant l'utilisation qu'en avait fait Saint-Simon dans ses Mémoires. "c'est un plaisir de le voir courir sur ces glaces avec ses patins de jésuite. "(Tome 10 - CHAPITRE XVIII. 1713 ) " Ensuite il me parla de la sortie du conseil, glissant avec des patins sur la préséance..." (Tome 19 - CHAPITRE XII. 1722) Une fois de plus, il nous faut ce génial duc pour nous faire sentir qu'il y a patins et patins, et que les patins ne s'usent que si l'on s'en sert ! Mais de ce séjour-là, comme couleurs, il ne retiendrait avant tout que celles de ses médicaments, car il n'en avait jamais eu, autant
qu'il s'en souvienne, autant à prendre .
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Il pensa aux médicaments de sa mère et à l'armoire à pharmacie si controversée de Damien Hirst
qui contenait 6136 pilules peintes et intitulée Lullaby Spring (Berceuse de printemps) et vendue un peu plus de 14 millions d'euros chez Sotheby, rendant cet
artiste le plus cher payé de son vivant pour une oeuvre.
Mais même sachant que les pillules de Hirst avaient été faites et peintes à la main, il préférait quand même les siennes faites en usine et qui l'empêchaient de souffrir. Il se rappela aussi de la vieille chanson de Donavan (The Lullaby of Spring), la 19 ème sur son disque A Gift from a Flower to a Garden sorti en décembre 1967, et qu'il écoutait, jeune étudiant à Rouen. Tout ceci ne nous rajeunit pas, se dit-il en éteignant ce soir-là la lumière, commençant une nouvelle nuit à fixer à travers la fenêtre, immobile et pensif, la voiture solitaire du parking. |